Internet Professionnel
le 01 mai 2000
La messagerie permet non seulement de garder le contact avec ses collaborateurs, mais aussi de tisser de nouvelles relations. Ses plus r�centes �volutions en font la plaque tournante des �changes, touchant tout type de correspondant au moyen de supports physiques ou �lectroniques.
La messagerie �lectronique a aujourd'hui totalement supplant� les solutions propri�taires des �diteurs de groupware. Compar� aux supports de communication habituels, la messagerie dispose de solides atouts pour s'imposer. Le t�l�phone ne laisse aucune trace exploitable a posteriori. La t�l�copie a le m�rite d'offrir la m�me couverture g�ographique et d'y ajouter le support de l'�crit. Le format de ces documents, qu'il s'agisse d'imprim�s ou de fichiers graphiques, n'autorise toutefois aucune exploitation instantan�e dans une cha�ne de traitement num�rique de l'information. Avec l'arriv�e des premi�res solutions int�gr�es de groupWeb, la messagerie �lectronique s'offre un s�rieux lifting. Les standards issus d'Internet restent �videmment en vigueur : SMTP (Simple Mail Transfer Protocol) pour l'exp�dition, Pop (Post Office Protocol) pour la r�ception et Mime (Multipurpose Internet Mail Extensions) pour le transport d'informations additionnelles (liens hypertextes, fichiers joints, enregistrements de bases de donn�es, applications...). Dans un contexte de travail de groupe, les possibilit�s apport�es par ces divers protocoles demeurent malheureusement en retrait face aux messageries des logiciels de groupware traditionnels. Les diff�rences les plus criantes apparaissent au niveau de la gestion des bo�tes aux lettres. Si les logiciels de messagerie orient�s Internet autorisent aujourd'hui la gestion de comptes de messagerie multiples et l'exploitation de filtres de r�ception pour op�rer un classement rapide, les m�canismes de suivi s'av�rent malheureusement quasi inexistants. Les protocoles SMTP/Pop 3 ne permettent pas d'obtenir d'accus�s de r�ception, pas plus qu'ils n'assurent l'�mission de rapports de consultation (message re�u, lu, imprim�, rerout�, archiv�, etc.). Il convient donc de se tourner vers le protocole Imap 4 (Internet Message Access Protocol) pour trouver les �volutions les plus notables, telles que le support de listes de diffusion contextuelle et l'exploitation d'accus�s de r�ception simplifi�s. Ce standard tarde malgr� tout � s'imposer et l'immense base install�e de la messagerie sur le Net reste fid�le aux protocoles SMTP/Pop 3.
Des �changes groupWeb s�curis�s
Les messageries de groupWeb disposent en revanche d'une avance notable en mati�re de s�curisation des �changes. Le protocole S/Mime (Secure/Mime) assure un niveau de confidentialit� satisfaisant � la plupart des usages professionnels. Il permet le chiffrement du corps du texte, ainsi que des pi�ces jointes. S/Mime garantit l'int�grit� prouvant que le courrier n'a pas �t� modifi� pendant son transport vers le ou les destinataires, et identifie l'auteur gr�ce aux certificats ou � la signature �lectronique. L'authentification de l'�metteur du message passe g�n�ralement par l'utilisation, au sein de l'entreprise, d'un annuaire LDAP (Lightweight Directory Access Protocol), qui recense � la fois les signatures �lectroniques et les cl�s publiques de chiffrement. L'annuaire joue le r�le de centre de certification des �changes pour tous les correspondants r�f�renc�s dans sa base. La simplification de l'administration et la coh�rence en mati�re de s�curit� des �changes font d'ailleurs de l'annuaire LDAP la pierre angulaire des solutions de groupWeb.
De la messagerie unifi�e � la messagerie universelle
Toujours dans un contexte de groupe de travail, de nouvelles fonctions s'av�rent bienvenues. Inspir� des newsgroups, le service de conf�rences, notamment, se comporte comme une bo�te aux lettres partag�e par plusieurs participants. Replac� dans le contexte du groupWeb, l'espace de conf�rence doit favoriser la communication de messages de port�e g�n�rale, ainsi que la mise � disposition des membres du groupe, de documents de travail, voire d'applications. Lorsque cette fonction n'est pas int�gr�e en standard, elle peut �tre apport�e par la cr�ation de listes de diffusion de message. La messagerie offre �galement un environnement de dialogue en temps r�el comparable aux serveurs IRC (Internet Relay Chat), ce protocole tendant � tomber en d�su�tude. Des logiciels aussi r�pandus que Microsoft Internet Explorer et Netscape Navigator int�grent en standard un syst�me de dialogue temps r�el. Depuis, d'autres produits se sont impos�s, le plus connu �tant certainement ICQ (prononcer "I seek you"). Principal probl�me de ces outils, leur incompatibilit� quasi totale et l'absence de standardisation des environnements. Ainsi, chaque �diteur pr�f�re imposer sa solution plut�t que rechercher un compromis favorisant l'interop�rabilit� avec les concurrents. Dans le groupWeb, la messagerie tend maintenant � s'ouvrir aux autres supports de communication. Des logiciels additionnels, tels ceux propos�s par Coheris, Atix ou encore AVT, offrent aujourd'hui la possibilit� d'unifier les moyens de communication. Aussi trouve-t-on d�sormais des produits qui assurent le lien entre la t�l�phonie et la messagerie. Chaque utilisateur dispose alors d'une ligne t�l�phonique virtuelle (un simple num�ro d'affectation sur Num�ris par exemple) lui permettant de recevoir des t�l�copies. Le serveur d'unification d�tecte l'arriv�e des documents, puis les route vers une bo�te aux lettres selon le num�ro de t�l�phone auquel ils sont destin�s, avec l'aide de l'annuaire LDAP de l'entreprise.
Le reroutage vers des mobiles
Cet effort d'agr�gation des messages se double aujourd'hui d'une recherche plus souple dans l'adressage. Le nomadisme qui tend � devenir la r�gle dans nombre de services (direction commerciale, maintenance, audit...) oblige � trouver de nouveaux moyens pour maintenir le contact avec les collaborateurs. Le Wap (Wireless Access Protocol) est �videmment pr�sent� comme le service le plus en pointe dans ce domaine. Mais il souffre encore de la relative raret� des terminaux, de leur manque de convivialit�, de leur lisibilit�... et de leur prix �lev�. Toute prometteuse que soit la technologie Wap, il convient donc d'attendre qu'elle arrive � maturit�. D'ailleurs, la plupart des serveurs de messagerie unifi�e sont d�j� en mesure de rerouter le texte constituant le corps d'un courrier �lectronique sous la forme de messages SMS (Short Message Service), � destination d'un t�l�phone mobile. Une solution performante r�alisera m�me la segmentation d'un texte volumineux en une suite de messages conformes au standard SMS (236 caract�res incluant en-t�te et provenance). Autre possibilit� fr�quemment support�e, le reroutage en direction d'un t�l�copieur. Certains produits disposent par exemple d'un serveur vocal permettant d'indiquer, via les touches du t�l�phone (*, #, 1, 2, 3...), la nature du service de reroutage attendu et le num�ro du terminal destinataire. L'utilisateur choisit entre l'option SMS et t�l�copie, puis pr�cise son num�ro de t�l�phone. Il re�oit ensuite ses messages sur son t�l�phone mobile, sur le t�l�copieur de la soci�t� o� il se trouve en d�placement, voire sur le num�ro de t�l�phone de sa chambre d'h�tel, afin de r�cup�rer les informations sur son ordinateur via l'abonnement fax/data de son GSM... Une mani�re originale de rendre Internet encore plus universel.
Thierry Pigot